Le temps qui s’enfuit
Si loin, si soudain, dans le lointain
Une aube, un son intense, insidieux
Une lueur, plus forte qu’un chuchotement
Un tremblement, une effraction sans fin
Une aurore pâle, frileuse, un ciel pluvieux
Dans l’embrasement à venir du firmament
Dans le silence du temps, se soulève le vent
Un froid apprivoisé, glaçant, presque rampant
Si proche, dans une confusion mutuelle
Cette incohérence matinale et consensuelle
Comme des larmes de soir à la fin du noir
Tièdes et rebelles, presque éternelles ?
Toutes se fardent devant le reflet d’un miroir
S’enflamment puis se glacent sans savoir
En paillettes de givre figées dans le brouillard
Elles musardent puis s’échappent jusqu’à plus tard
Vers des confins jusqu’aux rives d’une prochaine nuit
Cet instant aux vestiges d’un temps qui s’enfuit
Lire la suiteDe simples bruits
Où sont les murmures, les simples bruits
De nos ciels immatures, ces traits de folie
En équilibre sur notre firmament tendu ?
J’évoque là une perception disparue
Imaginaire aux habits dociles et fiers
Nos propos, nos maux, tous deux héros
D’une tentation abyssale et grégaire
Se perdre dans l’infini à perte de vue
Sans boussole, ni étoile polaire
Aussi loin que l’horizon restera nu
J’ai cette idée, cet absolu, frelaté et anonyme
Sans faille à tout jamais fragile et magnanime
Une craquelure, une fêlure, j’endure
Le sublime écarlate, ses teintes virginales
Où s’endorment les tropiques et leur futur ?
Ces sombres caprices aux protubérances marginales
Maximales ou bien minimales, elles sont l’erreur
Qui tombe à la mauvaise heure, notre candeur
Subtile et fragile, j’ai sur ce corps touché le derme
D’une téméraire extase jusqu’à l’extrême
Ce thème instable et affable, nos errances
Nos danses et bien plus encore notre résilience
Je frappe à cette porte en pénitent d’abondance
Dis-moi si l’espoir sera le soir de nos offenses ?
J’ai ce doute, je le crains, le redoute
Il hante les méandres de notre route
Un sentiment immensément contraignant
S’en remettre à demain pour vivre maintenant
Sans savoir, ni croire, ni même pouvoir
Attendre et se nourrir d’un impossible espoir
Quasiment précieux, totalement vertueux
Apprivoisons le néant pour vivre heureux
Lire la suiteSur le quai
Sur le quai, là où les flots mauvais
Viennent s’écraser, laminés, épuisés
J’irai promener ma mélancolie abîmée
D’attendre le lever d’une journée ensoleillée
Un temps bleuté où l’on peut imaginer
L’instant d’hier et d’après totalement mélangés
Par usage ou par fraternité, peut-être par facilité ?
Sur le quai, là où les flots mauvais
Viennent s’écraser, laminés, épuisés
J’irai observer le lointain s’approcher
Il viendra proche de moi s’amarrer
Pour me proposer de l’aborder, de rêver
Et puis aussi de pouvoir y monter
Et s’en aller vers des terres apaisées
Sur le quai, là où les flots mauvais
Viennent s’écraser, laminés, épuisés
J’irai parler aux automnes, aux étés
Intensément réunis dans un paradoxe doré
Fait de désunions presque assumées
De soupirs qui incitent à s’extasier
Devant leurs couchants enflammés
Lire la suiteMémoire
Une histoire, quelques mots habillés de mémoire
Un temps passé, oublié, voire effacé
Tant qu’il fut, qu’il ait été où qu’il se soit passé
Un corps, une nostalgie recouverts des habits du soir
Cette nuit improbable et profonde venant camoufler
La vérité d’un tremblement, d’une effusion avec l’idée
Que tout ce qui a pu être fabriqué est un souffle d’espoir
Un élan ayant tout emporté avec le cristal de la fragilité
Sobrement exposé dans l’intimité d’un temps suranné
S’étalant sur les près où nous allions traîner pour savoir
Si le silence pouvait nous insuffler la force de vibrer
Mieux de nous libérer de cette écorce venant nous entraver
Je parle de cet ensemble de choses qui furent notre histoire
Un talisman mi riche, mi précieux, ébouriffé, échevelé
Par le temps capricieux, les orages, les canicules à s’écorcher
Je vois qu’il n’en reste qu’un éparpillement presque un désespoir
Ouvre-moi la porte à tout ce qui a pu t’émerveiller
Pour s’enrichir de cette flambée au terme de la soirée
Par hasard, par fidélité pour enfin pouvoir savoir
Se dire qu’il n’existe plus de recoins dans le noir plongé
Parvenir à avancer sans regarder en arrière, sans se retourner
Et faire de l’instant quelques mots habillés de mémoire
Lire la suiteTout au bout
A petit pas sur un fil tendu
Tendrement à regarder la lune
Voire carrément à se retrouver nu
Au terme de notre chemin d’infortune
Comme ci, comme çà
Tout au bout, tout là-bas
En osant nous montrer téméraires
J’aime tes mauvaises manières
Impétueuse voir même ténébreuse
Dis-moi où vas-tu puiser cette frénésie ?
Pour comprendre d’où vient ta folie ?
Je l’entends raconter le présent au passé composé
Et je suis séduis, totalement ébloui là à t’admirer
Comme ci, comme çà
Tout au bout, tout là-bas
Pourquoi chercher à savoir ?
Plonger le regard dans le lavoir
Parmi ses eaux sombres et délavées
Où s’engluent les mauvaises idées
Je veux croire à l’imaginaire épanoui
Pour mieux croquer dans la pomme sucrée
M’endormir sur le velours d’un soir réjoui
Et rêver paisible sous l’éclat d’une bougie
Comme ci, comme çà
Tout au bout, tout là-bas
Lire la suiteC’était hier
Les pleurs, les lamentations sous l’édredon de pierre
Ne seront que des riens sans lendemains, c’était hier
Volages balbutiant quelques mots entachés
D’oublis, de promesses cyniques sans magie
C’est ainsi que tout s’est fabriqué, précipité
Une conception ; oui dis moi respirons encore l’été
Une ultime fois embrasons les petits bouts de papier
Qui collent aux doigts, qui parlent de notre foi
Ce fol espoir qui se planque la nuit au fond des bois
J’ai ce tremblement en moi, les vibrations du sol
Solitaires, imaginaires et nos âmes qui se collent
Dans la renaissance d’une insuffisance sur nos terres
Elles sont vierges d’avenir, sans concession ; ce fut lentement
Des crispations, des renoncements aux larmes amères
Je veux oublier en croyant ; en faisant semblant
Qu’elles sécheront sur l’agenda de rendez-vous ratés, usurpés
Dans le tourbillon inaccessibles d’une fusion enfin appropriée
Les pleurs, les lamentations sous l’édredon de pierre
Ne seront que des riens sans lendemains, c’était hier
Aussi pourquoi s’embarrasser, presque se faire du mal ?
Plus loin que le brouillard de nos sentiments, c’est si banal
Il reste du bleu et du violet pour maquiller nos infirmités
J’aime la ritournelle de notes simplifiées pour habiller nos fragilités
Ces failles infinitésimales, nos cœurs animaux, nos oripeaux
Et bien plus encore nos errements dans les catacombes, ce pays aux corbeaux
Ils sont en nous, parlent à l’esprit qui nous a réunis. Ce fut autrefois
Pourquoi sera-t-il éternel ? J’aime entendre son appel presque rebelle
Alors, pour faire exprès, par facilité, par hasard ? Une dernière fois
Fermons les yeux comme au début, imaginons l’azur, un ciel de miel
Sur nos lèvres, sur nos langues en savourant le nectar, une certitude
Une illusion sans trémolos pour faire les beaux par aisance, par platitude
Mais arrive l’hiver, je le sais, tu le sais, on le connaît pour l’avoir engendré
Épousé, il était en nous comme un sort que l’on ne pouvait repousser
Laissant le vide, le silence. Je mens. On entend nos pleurs à peine étouffés
Les pleurs, les lamentations sous l’édredon de pierre
Ne seront que des riens sans lendemains ; c’était hier
Les pleurs, les lamentations sous l’édredon de pierre
Furent ce lien, un fil nu, distendu; c’était hier
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