Encore une fois ?
En jouant avec les mots, en multipliant les combinaisons
En tortillant les phrases, en fabriquant un début de raison
En s’endormant sur cette idée, en s’éveillant le lendemain
En restant sur l’approximation, comme çà au petit matin
Pourquoi ? Pourquoi ? Encore une fois ?
En s’extasiant librement, en se levant le regard vers l’aurore
En remarquant ses ondulations, en enregistrant ses vibrations
En se laissant emporter, en se laissant submerger par son or
En étant dans la rédemption, en se libérant de toutes les passions
Pourquoi ? Pourquoi ? Encore une fois ?
En progressant lentement, en allant jusqu’au bout du chemin
En ne ralentissant pas, en restant dans l’obsession sans fin
En imaginant comme ça, en faisant de l’instant un premier pas
En le prenant avec envie, en l’emprisonnant pour qu’il reste là
Pourquoi ? Pourquoi ? Encore une fois ?
Lire la suiteUn autre monde
En côtoyant les regrets comme un temps présent
En faisant du passé un semblant flamboyant
Un talisman ordinaire effaçant les cicatrices
D’un trait facile et agile maquillant les artifices
Du sublime, de l’absence, ce vide comme un fait
Imaginaire pendant en bandoulière au plus près
De ces tendresses évasives aux touchers écaillés
Je dessinerai un autre monde qui sera minimaliste
Presque enfantin voire puérile ; quasiment fantaisiste
Il sera là-bas pendant au bout d’un chemin ordinaire
Il sera tremblant en recherche d’une identité passagère
Avec des yeux écarquillés presque apeurés
Il s’émerveillera par complaisance ou par fatalité
En déclamant le poème orphelin de nos années effacées
Avec quelques trémolos dans la voix pour susurrer
Les mots faibles et sans histoire de ces lieux oubliés
Et pourtant là-bas se dressera l’étendard sans fard
D’un espoir simple et fébrile se reflétant dans une mare
Nos visages vieillis, quelques rides, des cheveux blanchis
Et puis un sourire embrassant notre monde rétréci
Il en est ainsi, il en sera ainsi par la volonté du temps d’ici
Je le ressens affaibli en m’abandonnant dans une léthargie
Avec un sable fin glissant inexorablement entre les mains
La vie qui s’enfuit avec ses mélancolies accolées à l’ennui
Lire la suiteVisage
Toi, le visage sans les yeux, les grimaces
Blanc et impénétrable, parfois translucide
Qui me regarde, pendant que je me fourvoie, hélas
En tremblant sur l’interface de nos vies fluides
Souviens-toi de nos expressions vides et ténébreuses
Oui, rappelle-toi de ces nuits, de ces heures heureuses
Lorsque l’ombre sur nos pieds venait s’enlacer
Est né ce souvenir dans l’alcôve là où naissent les secrets
Là où s’éteignent les bougies en fermant les yeux
Quand il n’y a pas plus fort que le silence joyeux
De quelques mots, d’un souffle d’espoir, ce soir
Là, face au miroir en narguant l’impossible, le noir
En errant dans le néant de nos labyrinthes en attente
D’un appel, d’une lumière parmi les heures lentes
Leurs mains tentaculaires et vulgaires si proches de moi
Me frôlant en murmurant le psaume des rires d’autrefois
Hauts furent nos rêves s’élevant jusqu’aux notes ultimes
Du requiem fertile pleurant nos squelettes gisant dans l’abîme
Je tremble par convenance mais je ne crains plus le vers nu
Son regard morne, ses appels exclamatifs car je suis plus qu’un aperçu
Une évasion, une émotion, une persuasion, un fragment d’absolu
Je m’exaspère de ces fantaisies qui morcellent les rires plissés
De nos visages, de ces faces vieillies aux cicatrices apaisées
Lire la suiteInfini
J’ai ce regard de l’absence vers l’infini
Ce présent sans passé, là se figeant
Glacé et pétri dans la glaise qui rit
Ses tentacules primaires et amaigries
Par l’attente infinie pour un rien d’azur
J’entends le clapotis de ses ciels ébahis
Aux pétards sans amorces, leurs fêlures
Ces explosions inassouvies dans l’extase
D’être en attente d’un monde en phase
Sans trémolos, sans bigots aux pieds nus
Allant en pénitents vers une croix d’absolu
Où grimpe le lierre flamboyant sur la pierre ?
Où s’endort le vers vertueux et grégaire ?
Parmi l’instant ébloui qui nous éblouit ?
Je pleure ce cœur qui s’habille d’infini
Sur l’herbe noire tendent à pousser
Ses langueurs d’un ciel sans miroir
Aucun reflet pour vibrer ni raconter
L’étrangeté de ses silences immobiles
Sans passion, sans émotion, ni pitié
Pourquoi ses absolus sont si fragiles
Impertinents, oppressants et lénifiants ?
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