Neige
Zéro degré sur l’échelle du froid
Le vent, la neige, la nuit, l’effroi
Les pas qui crissent sur le manteau blanc
L’immense forêt ses troncs, ses ombres
Un profond abandon dans l’isolement
Je dérive solitaire parmi les teintes sombres
Déambulant en funambule de l’incorrigible
Pour faire semblant que tout est possible
Je n’y crois pas moi-même mais c’est ainsi
Avancer, progresser, trébucher à l’infini
J’aime l’hiver au pays du vent et des loups
Loin des canapés soyeux où tout est doux
Une dérogation à l’ordre cosmique et magique
De mes interprétations inflexibles et passagères
Quelques approximations avec le froid qui pique
Qui mord, s’étalant de manière liquide sur ma chair
En osmose avec notre rencontre qui ose
Faire de cet instant un pied de nez au vulgaire
Lire la suiteLe temps qui s’enfuit
Si loin, si soudain, dans le lointain
Une aube, un son intense, insidieux
Une lueur, plus forte qu’un chuchotement
Un tremblement, une effraction sans fin
Une aurore pâle, frileuse, un ciel pluvieux
Dans l’embrasement à venir du firmament
Dans le silence du temps, se soulève le vent
Un froid apprivoisé, glaçant, presque rampant
Si proche, dans une confusion mutuelle
Cette incohérence matinale et consensuelle
Comme des larmes de soir à la fin du noir
Tièdes et rebelles, presque éternelles ?
Toutes se fardent devant le reflet d’un miroir
S’enflamment puis se glacent sans savoir
En paillettes de givre figées dans le brouillard
Elles musardent puis s’échappent jusqu’à plus tard
Vers des confins jusqu’aux rives d’une prochaine nuit
Cet instant aux vestiges d’un temps qui s’enfuit
Lire la suiteDe simples bruits
Où sont les murmures, les simples bruits
De nos ciels immatures, ces traits de folie
En équilibre sur notre firmament tendu ?
J’évoque là une perception disparue
Imaginaire aux habits dociles et fiers
Nos propos, nos maux, tous deux héros
D’une tentation abyssale et grégaire
Se perdre dans l’infini à perte de vue
Sans boussole, ni étoile polaire
Aussi loin que l’horizon restera nu
J’ai cette idée, cet absolu, frelaté et anonyme
Sans faille à tout jamais fragile et magnanime
Une craquelure, une fêlure, j’endure
Le sublime écarlate, ses teintes virginales
Où s’endorment les tropiques et leur futur ?
Ces sombres caprices aux protubérances marginales
Maximales ou bien minimales, elles sont l’erreur
Qui tombe à la mauvaise heure, notre candeur
Subtile et fragile, j’ai sur ce corps touché le derme
D’une téméraire extase jusqu’à l’extrême
Ce thème instable et affable, nos errances
Nos danses et bien plus encore notre résilience
Je frappe à cette porte en pénitent d’abondance
Dis-moi si l’espoir sera le soir de nos offenses ?
J’ai ce doute, je le crains, le redoute
Il hante les méandres de notre route
Un sentiment immensément contraignant
S’en remettre à demain pour vivre maintenant
Sans savoir, ni croire, ni même pouvoir
Attendre et se nourrir d’un impossible espoir
Quasiment précieux, totalement vertueux
Apprivoisons le néant pour vivre heureux
Lire la suiteSur le quai
Sur le quai, là où les flots mauvais
Viennent s’écraser, laminés, épuisés
J’irai promener ma mélancolie abîmée
D’attendre le lever d’une journée ensoleillée
Un temps bleuté où l’on peut imaginer
L’instant d’hier et d’après totalement mélangés
Par usage ou par fraternité, peut-être par facilité ?
Sur le quai, là où les flots mauvais
Viennent s’écraser, laminés, épuisés
J’irai observer le lointain s’approcher
Il viendra proche de moi s’amarrer
Pour me proposer de l’aborder, de rêver
Et puis aussi de pouvoir y monter
Et s’en aller vers des terres apaisées
Sur le quai, là où les flots mauvais
Viennent s’écraser, laminés, épuisés
J’irai parler aux automnes, aux étés
Intensément réunis dans un paradoxe doré
Fait de désunions presque assumées
De soupirs qui incitent à s’extasier
Devant leurs couchants enflammés
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