La cathédrale de sel
Je me souviens de ce livre aux pages jaunies et écornées. Ses lettres calligraphiées à l’encre noire et saturée. Un texte qui s’étire dans le temps et un peu plus loin. Ses mots teintés de nostalgie et de mélancolie. Une histoire d’amour, de remords, et du lointain. Triste comme un vague à l’âme et cette souffrance qui subsiste. Là, maintenant, depuis si longtemps et ne m’abandonne pas. Vivace avec cette force que rien n’efface. Tapie dans l’ombre des recoins de ma vie. Enfantant le corps et les vapeurs de mes rêves. S’étirant dans le couchant et sur la grève. Je les regarde s’entremêler dans les phrases du livre. Portés par des sentiments et une sensation qui m’enivrent. Et je titube, m’accroche aux branches des arbres. Dans la caverne fleurie de roses tombant éparses sur le marbre. Je t’appelle, je crie dans le vide frappant l’écho infini. Il m’ensorcelle, écorche les lettres de ton prénom que j’épelle. Sous la protection là-haut dans le ciel d’un chandelier illuminé. Dessinant des étoiles, un chemin vers la voie lactée. Me montrant la direction à suivre dans la cathédrale de sel. Creusée avec les années pour conjurer la fatalité. Et je sais que dans le repos me sera offert une poussière d’éternel. Je prends cet espoir comme la bougie qui va éclairer. Mes pas dans le labyrinthe s’enfonçant vers l’éternité. Une dérive entre les pieux où sont éventrés mes fantômes. Une progression que j’effectuerais avec les craintes d’un môme. Passage obligé pour renouer avec l’histoire du livre. Présent et qui me hante, j’avancerais titubant et ivre. Il y a dans ses mots tant d’ombres et de lumières. Ces obstacles tendus devant mes pas. Je les franchirais, je les éviterais ou pas. Si, tu m’en donnes la force ou pas. Et, il restera dans ce mystère un dernier chapitre. Nos retrouvailles pourraient en être le titre ?
Lire la suiteUne nuit de neige
Dérive d’un nénuphar sur les ondes d’une mare. Alanguie s’endort sur l’eau la feuille flétrie. Se courbent les roseaux aux bords des canaux. Souffle le vent d’un hiver mordant. Se penchent les arbres et craquent leurs branches. Sous le ciel noir d’une pénombre surnaturelle. A l’approche d’une nuit aux tentacules infinies. Pleure ton âme fracturée de s’être fait voler. L’or et le miel de ces rêves qui te rappellent. L’été, la tendresse, la chaleur, la caresse. D’un temps posé et oublié maintenant. Tête courbée tu avances contre le froid et son arrogance. Sur une terre blanche de neige recouverte par le sortilège. D’avoir répudié la mère nourricière de plaines ensoleillées. Il ne reste que le souvenir endeuillé de s’émietter dans des soupirs. Et, je regarde la pénombre dans laquelle on sombre. Dans les yeux, valeureux comme deux vieux. Faisant des projets les sculptant en forme de jouets. Pour rappeler l’enfance, réveiller l’indolence. Sans parvenir à tromper ni à faire mentir la réalité. De cet instant, la violence de ce moment. En forme de solitude, résigné à tant de lassitude. Dans l’effacement d’une errance ouvrant lentement la dépendance. A cette profonde mélancolie qui doucement nous envahit. Transis l’on avance rabougris sans espoir de délivrance. Cette marque de vieillesse qui n’a aucune forme de sagesse. Et alors qu’il nous reste l’or. De déambuler sur un tapis de feuilles mortes et de s’aimer. Pour se sentir forts pendant que se fige et dort. L’instant, le moment. Je pense à notre nature de faire que cet artifice dure. Et qu’il ne s’arrête jamais pour ne jamais être séparés.
Lire la suiteImmortalité
Je te regarde t’évaporer. Parmi ces souvenirs qui nous hantent. Je te trouve détachée. De cette présence angoissante. Cultivant la lenteur de tes mouvements. Saccadant le rythme de ton temps. Pour te protéger de son érosion. Nos douleurs, nos frissons, cette confusion. Je sais qu’il n’y a que notre destiné. Que nous ne pourrons pas maîtriser. Tout en sachant apprivoiser notre passé. Ces ombres qui pèsent. Nous mettent sur la braise. Je prends ta main. Pour affronter demain. Et, j’entends le silence. Pesant comme une sentence. Et j’entends le silence. Rampant comme une allégeance. S’étendant tout autour. Battement d’ailes d’un vautour. En charognard lorgnant goguenard. Sur toi et moi ses proies. En péril et si fragiles. Léchant nos plaies. Avalant nos péchés. Pour nous faire espérer. Que nous embrasserons l’immortalité. Autrement que comme une fatalité. Je crois à ce mensonge. A cette faille dans mes songes. Où se cachent ces cauchemars. Qui veillent jusqu’à plus tard. Ils enfantent ce malaise. Ces détails en pagaille. Qui se plaisent et se complaisent. A malmener notre vérité. Deux fantômes frissonnant. Deux êtres se perdant. Dans les méandres de leur enfermement. Je te parle d’hier et d’après. Dans l’idée de te faire rêver. Dans l’idée de de te faire aimer. L’instant pauvre et sans magie. Qui construit notre vie. Et, j’entends le silence. Pesant comme une sentence. Et j’entends le silence. Rampant comme une allégeance. Il est le frère et le père. Du désert où s’étend le cimetière. De nos deux corps à terre.
Lire la suiteMélancolique
D’une boîte à musique des notes s’égrènent méthodiques. Derrière une vitre des danseurs virevoltent frénétiques. Dans une alcôve des amants s’enlacent romantiques. Particules d’un monde dramatique que j’observe en hérétique. Étant de ce temps quasiment préhistorique. Dont un cimetière conserve les reliques. Dans le présent je goûte l’onde nostalgique. Des pulsations d’une rédemption flegmatique. Dans l’indolence d’une nuit féérique. Les larmes aux yeux, le cœur en panique. Face au miroir je ne vois qu’un néant fantomatique. Et, je m’en vais sans laisser de trace, mélancolique.
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