Les pleurs de la Belle au bois dormant
Dans les sommeils endormis d’un été flamboyant. Se miroite le visage de la Belle au bois dormant. Dans un lac où sont noyés ses tendres moments. Venue les pleurer avec nostalgie. Elle se raccroche à l’impossible idée. Qu’ils frissonnent dans une autre vie. Ne pouvant que les entendre murmurer. L’histoire de leur abandon, cette cruelle séparation. Abrupte et sans concession. Elle a encore du mal à y croire. Tout s’est passé sans le vouloir. Le regard du prince charmant. Violent et profondément envoûtant. Le manège enchanté, ses soirées enflammées. La belle au bois dormant emportée dans son rêve éveillé. Oubliant qui elle était. S’amusant de ce qu’elle devenait. Marionnette multipliant les pirouettes. Au bras de l’amant la charmant. Elle se croyait belle et éternelle. Elle en goûtait la ritournelle. Dans les sommeils endormis d’un été flamboyant. Se projetant à corps perdu dans l’instant. Elle valsait sur un temps intemporel. Virevoltait dans un monde artificiel. Le prince charmant dans les yeux la regardant. Elle voyait dans l’éclat l’observant. Une femme radieuse, un brin capricieuse. Profondément et intensément heureuse. Un jour il partit, ne revint pas. Elle l’attendit, le pleura. Elle comprit qu’il s’était enfui. Emportant avec lui leurs tendres moments. Enfantant à son corps défendant. Une intense et dévorante nostalgie. Plus mordante que ses peurs enfouies. Elle s’en alla les déterrer pour se protéger. Dans les catacombes de ses secrets. Ce miroir vénéneux qu’elle n’osait regarder. S’habilla de noir, jeta ses dentelles. Vierge sombre, progressant dans la pénombre. Transgressant l’interdit de sa mélancolie. Pourtant, elle se l’était promis. De ne jamais le pleurer. Mais elle ne peut s’empêcher d’encore l’aimer.
Lire la suiteMa présence invisible
Où allons-nous joue contre joue ? Nénuphars sur une mare. Sans port d’attache. En quête sans relâche. On se colle, on s’amourache. Lentement mais surement. Plus fort que ce froid qui nous mord. Toi le long de moi. Pour te protéger, te réchauffer. J’aime t’écouter me raconter. Des histoires que je ne peux croire. Tu me parles d’un monde disparu. Nous étions rois et reines. D’un royaume biscornu. Sans mur ni frontières. Sans douleur ni peine. On parcourait notre terre. Toi les cheveux dans l’air. Moi te regardant faire la fière. Les étoiles tissaient leur toile. Dans un ciel couleur de miel. L’habitude devint lassitude. Il te fallait savoir. Si derrière la lune noire. Il y avait une autre vie. Invisible sans compromis. Tu parlais d’absolu. Caché à notre vue. Tu revins sombre. Le visage marqué d’une ombre. Qui ne te quitte plus. Qui es-tu ? Je ne vois que toi. Je ne crois que toi. Et pourquoi ? Et pourquoi ? Tu me mens. Chaque fois, tout le temps. Je m’en défends. Je t’ai en dedans. Et pourtant. Et pourtant. Je te le dis c’était mieux avant. Avant que tu partes m’abandonnant. Je parle comme eux, comme les vieux. Qui assurent qu’hier était heureux. Il y avait toi comme un mystère. Une présence pleine et entière. Il y avait… Je n’ai plus les mots pour le rappeler. Maintenant, je sais que j’ai inventé. Ton retour croyant en l’amour. Une idée qui me joue des tours. Toi ma présence invisible. Tu joues avec moi. Tu me sais trop sensible. Je ne vois que toi. Je ne crois que toi. Et pourquoi ? Et pourquoi ? Tu me mens. Chaque fois, tout le temps. Je m’en défends. Je t’ai en dedans. Et pourtant. Et pourtant…
Lire la suiteDans une nuit froide et sans bruit
Dans une nuit froide et sans bruit. Il était une fois au fond des bois. Deux sceptres solitaires et amoureux. Se chamaillant, s’enlaçant. S’enrobant du voile laiteux. D’un brouillard épais et facétieux. Désireux de les séparer. S’aidant de la complicité de mauvaises fées. Jalouses de les voir s’aimer. Le poison de la distance s’insinua. Là, peu à peu ils se trouvèrent désunis. Furtivement il en fut ainsi. Dans une nuit froide et sans bruit. Il y eut au fond des bois. Deux spectres solitaires et amers. Errant transis et aux abois. Semant la terreur, appliquant leur loi. Leurs âmes n’étant que peine et souffrance. Endurant cette dépendance. De l’un à l’autre dans une forme absolue et irréversible. Sensibles avec une rage farouche. Ils cherchaient à se retrouver. Rêvant de cet instant où ils se touchent. Les yeux ouverts, le charme envolé. Dans une nuit froide et sans bruit. Il y a au fond des bois. Des hurlements d’effroi. Loups sanguinaires, ils sont devenus. Attirés par le sang, une gorge nue. Ils ont tout perdu. Leur foi, leur joie. Trouvant dans leur solitude infinie. L’ivresse des mirages de leur folie. Réduisant leur vie à de l’ennui. Au cœur d’une nuit froide et sans bruit.
Lire la suiteAu jardin de l’automne (suite)
Prostrés et aphones nous resterons. Devant le mur blanc du temps. Ce brouillard que l’on ne percera jamais. Par peur d’affronter l’effroyable vérité. Être orphelins de l’instant que nous vénérons. Ce présent qui dure dans le temps. Dans le cloître de notre silence. Emportés par le délice d’une douce transe. Rien ne pourra nous arriver. Intemporels et artificiels. Nous sommes invisibles, imperceptibles. On flotte, on barbote dans l’onde de l’instant. Qui n’existe pas. Sans croire à hier ou à maintenant. Juste errant, juste là. Au jardin de l’automne et ses couleurs monotones. Avec le sentiment de lui ressembler. Sur le visage un masque posé. Blanc, filtrant les rayons intrusifs. De l’attente et de la curiosité qui mettent à vif. Notre bouclier est végétal, animal. Nos discours ne sont que des regards. Nous croyons au hasard. Notre dieu est vieux. Nous laissant toute latitude. Pour l’abandonner dans sa solitude. Nous veillerons jusqu’au crépuscule. L’instant où la nuit épouse le jour. Sur la terre de notre royaume minuscule. Nous parlerons d’amour. Ce débat qui n’en n’est pas. Derrière les murs blancs de notre forteresse. J’aime les traits de ta vieillesse. Mesurant qu’il est l’heure maintenant. De fermer les yeux, de faire le dos rond. Prostrés et aphones nous resterons. Devant le mur blanc du temps. Ce brouillard que l’on ne percera jamais. Par peur d’affronter l’effroyable vérité. Être orphelins de l’instant que nous vénérons.
Lire la suiteAu jardin de l’automne
Au jardin de l’automne dans le souffle monotone. Du vent caressant les feuilles fauves s’en allant. J’allais d’un pas triste et lent. Vers l’imperceptible envoutant. D’une fraction momentanée du temps. Je la voulais présente indéfiniment. Comme le rendez-vous permanent. De ce lien avec toi qui me retient. De me projeter vers demain. Je pense à hier, à ses vides, ses ornières. Que je n’ai pu combler. Par manque de force et de volonté. Elles me retiennent proche de ce passé. Mon être, mon infirmité. Je ne peux les effacer. Sans eux, il reste ce néant. Que je ne sais comment appréhender ? Alors, je crois à l’imperceptible envoutant. De toi mêlée à la douceur du vent. Caressant les feuilles fauves s’en allant. Nous irons au jardin de l’automne dans le souffle monotone. Et nous nous poserons prostrés et aphones.
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