Fantômes
J’aime les miettes de notre pain. Ces bouts de rien. Tombés de tes mains. Éparses comme des comparses. Capricieux et facétieux. Cette intimité partagée. Dans la tiédeur de matinées. Où tout n’est que lenteur. J’aime la langueur. Du temps, du vent de nos instants. Filandreux, mielleux et merveilleux. Ils coulent entre nos doigts. Je les lèche sur ta peau. Les griffes plantées, agrippées. Tu me dis des gros mots. Nos violences, nos offenses. Ailleurs pour notre bonheur. On tangue, on divague. Sur nos mers, nos vagues. Portés par l’instant. Sur le radeau du moment. Les yeux fermés. Pour empêcher la lumière. De nous mettre en bière. Notre ciel est noir. Parsemé d’étoiles. Que l’on a ensemencées. Du terreau de nos espoirs. On ne croit plus à ce qui est. Nihilistes ou fatalistes ? Je crois en toi. Tu crois en moi. Cela suffit. Pour colorier les étoiles. Teinter notre mélancolie. Qui porte nos vies. En bouclier, en porte clé. Talisman de nos serments. Sur le voile. Éventré ou excisé. De notre temporalité. Fantômes aux gueules de mômes. Pantins du quotidien. La lassitude est une habitude. J’aime nos coutumes. De vivre la nuit. A l’essence de notre folie. Au cœur du sens de nos envies. Ces bouts de rien. Tombés de tes mains. Particules ridicules. De nos faiblesses et de nos fragilités. On se terre pour se protéger. Pelotonnés pour ne pas être violentés. Emmurés d’exister. J’aime les miettes de notre pain. Il ne fait pas rêver. N’attire que les lapins. Et, le néant à nous cacher. Sur l’herbe allongés. Se tenant par la main. Sans royaumes, ni biens. Justes invisibles et insubmersibles.
Lire la suiteDiaboliques
Diaboliques. Tes yeux me glacent. Ton corps m’enlace. Ivre et frénétique. Je dérive avide. Face à face. Avec l’immensité du vide. Sur le fil de ton bon vouloir. J’aime ce vertige. Un soir, un matin, un espoir. Je lutte contre mes faiblesses. J’appelle ton corps de déesse. Tu ordonnes, tu exiges. De la pointe du crayon. Je trace les notes de notre vie. En lignes raturées et confuses. Une mélodie de passion et de raison. Corpus de nos insomnies. Leur venin dont j’abuse. S’étale sur le papier. Je tremble de l’entendre. Joué par des musiciens aux visages masqués. Dans des cavernes emmurées. Parmi les cendres. D’un dernier bûcher. Toi et moi pour seul public. Famélique et androgyne. Dans la confusion de nos sens. Là où se fonde l’origine. De notre dépendance. Pour le gris de nos symphonies. En cœurs mutilés. D’avoir poignardé. Le blanc et le noir. Des notes de notre mélancolie. Je veux croire. Qu’elle a croisé notre nostalgie. Toutes deux enfuies. Dans la profondeur de marais. Où ne pourrons jamais les retrouver.
Lire la suiteLa lumière sombre et pure
Il y a ce temps obscur. Ses nuages tristes et pluvieux. La lumière sombre et pure. De reflets noirs et langoureux. La sensation d’un mur. Où sont taguées nos vérités. Moribondes et entrelacées. Je n’ose les affronter. Par peur, par pitié. Je tremble et j’expire. Le venin de l’inimitié. Concubine de cette fatalité. En ligne de mire. De nos êtres séparés. Baignant dans l’endurance de notre dépendance. Je ne pouvais pas l’imaginer. Je dois maintenant te l’avouer. En quête de traces ou de signes. Symbolisme aggravé de mon addiction. Au sang noir de cette vigne. Vin de toutes mes passions. Posé sur nos lèvres. Sans se voir ni se toucher. Je goutte le nectar dans la fièvre. De ton apparition là ou ailleurs. Je prononce le mot magique. De t’espérer dans le bonheur. D’une ivresse et de ses vertiges. En l’absence de panique. Tanguant au bord du vide. Je crois en nous en nos vestiges. Notre avenir n’est pas putride. Il est juste morcelé et éparpillé. En rejet du mot de consumé. Pour conjurer le sort de ta mort. A jamais plus forts dans des châteaux imaginaires. Nos existences ondulent entre les sentences de l’infini. Êtres immatériels et partenaires. Je dessine ton nom sur les nuages. Tu m’as fait croire aux mirages. Me rendant la vie. Alors que je la croyais enfuie.
Lire la suiteNotre destin
Je n’ai pas les mots pour le dire. Juste la sensation du temps qui s’étire. En larmes de miel tombant du ciel. En force sur l’écorce. Des arbres de la forêt que tu as plantée. Pour te protéger et t’effacer. Je me perds dans le dédale de ses sentiers. Je crie, je t’appelle. Le vide, le néant à enfanter, le silence assourdissant. D’une douleur envahissante et éternelle. Dans les cimetières je cherche ta tombe. Je trouve sous le lierre le nom d’autres gens. Gravés dans la pierre parmi des cœurs et des colombes. Qui n’étendent plus leurs ailes. J’espère qu’elles t’ont rejointe au ciel. Un vœu, un espoir qui m’accompagnent. Pour endormir ma culpabilité. Ce spectre en guise de compagne. Sans foi, ni loi. Toujours là à me torturer. En vagabond de mon abandon. Je te fais cette confession. Car tu peux m’accorder le pardon. Voudras-tu m’entendre ? Librement sans concession. J’en doute et le redoute. Ma douleur à fendre. Mes certitudes. Trouvant dans les funérailles. De mes champs de bataille. Le squelette des mes platitudes. Tu es la sœur de mes peurs. En qui j’ai déversé toutes mes rancœurs. Je l’avoue de t’avoir aimée comme un fou. Ne prenant et ne pensant qu’à moi. Tu en avais fait cette loi. Je le croyais dans l’inhumation de mes passions. Nos déraisons, nos folies, nos frustrations ont forgé notre destin. Avec sur ses lèvres le venin. D’un dernier baiser assassin.
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