Les ombres s’éloignant

Il reste dans les allées, les graviers que l’on a piétinés. Les arbres ensommeillés. Nos premières heures, notre bonheur. Agenouillés à s’amuser de futilités. Oubliant le passé, ses horreurs. Un tronc d’arbre tagué. De nos deux cœurs. Enlacés. Immortalisant notre émerveillement. Nos promenades, nos arrêts de bancs en bancs. Tu essayais de comprendre ce qu’on pourrait attendre. De l’avenir, de nos désirs. On traînait à pas lents sur le gravier. En se regardant. Se désirant. Doucement, tendrement. Au dessus de nous passait le vent. Tes cheveux s’ébouriffant. Ta main les retenant. Tes sourires. Nos rires. Tout était naturel. Si intemporel. Hors du temps. S’écoulant en flirtant. En se touchant. Marchant sur les graviers. Au bout des allées. En jurant. De se protéger. De s’aimer. On y est allé. Sans s’égarer, sans se chamailler. Dans la langueur de nos mouvements. La douceur de nos pas indolents. La pâleur de nos cheveux grisonnants. La maigreur de nos corps s’affaiblissant. Marchant sur les graviers. Avec la peur de se quitter. Qui sera le premier ? Qui devra rester ? On n’en a jamais parlé. Je sais que tu y as pensé. Tes doigts caressant nos deux cœurs enlacés. Sur le tronc gravé. Pour conjurer la fatalité. Rappeler le passé. Une odeur, des couleurs. Quand nous n’étions que rêveurs. Il y a si longtemps. Et, maintenant. Le futur en tremblant. Puis, un matin blanc. Autrement. Avec la solitude. En faire une habitude. En traînant dans les allées, sur les graviers que l’on a piétinés. Toute une vie passée à s’aimer. Ombres s’éloignant à jamais effacées. Pour toujours oubliées. Laissant un arbre gravé. De nos deux cœurs enlacés.
Lire la suiteL’oiseau blanc et l’oiseau noir

J’aimerais t’écrire un poème . Je te parlerais de nous sans parjure, ni blasphème. Toi et moi. L’oiseau blanc et l’oiseau noir. Sur une mer blanche et noire. Entre les parallèles de nos battements d’ailes. Volant dans une nuit sans lune. Partant chercher fortune. Des perles glacées au bout des plumes. Nos becs fendant l’écume. Évaporant notre parfum d’amertume. Au loin vers des rivages. Où naissent nos mirages. S’endorment nos orages. En lutte chaque jour, chaque minute. Battant des ailes. Les vagues nous regardant passer. Éternels, obsessionnels. Notre haleine de fêtard. Emportés par le vent d’un hasard. Enfantant le souffle de nos tempêtes. Jouant aux fléchettes. Avec les éclairs de nos misères. Frottant le souffre d’allumettes. Tenues par l’oiseau blanc et l’oiseau noir. Sur une mer blanche et noire. Dantesques messagers. Aux vols irréguliers. Toi et moi. Sur les mots d’un poème. Porté en musique avec l’espoir suprême. Qu’il ne soit pas notre requiem. Il y a au bout de nos ailes. Le vide, ce rien qui nous appelle. Comme une tendance fatale. A commettre l’erreur optimale. De fuir notre culpabilité. De nos vols saccadés. Cette volonté de tout oublier. Mon poème pour me faire pardonner. Voudras-tu le parcourir ? Accepter de le lire ? Son bout de flamme pour réchauffer nos âmes. Oiseau blanc et oiseau noir. Sur une mer blanche et noire. Tourmentés. Habités. Si proches. Chargés de reproches. Reviens le son d’une marée endiablée. Avec des diables accouplée. Que nous avons si souvent écoutés. Au point de se les approprier. Habités. Tourmentés. J’aimerais t’écrire un poème . Je te parlerais de nous sans parjure, ni blasphème. Je l’achèverais jurant que je t’aime.
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