Le crépuscule de nos particules

Sombre la lune au-delà des dunes. Enterrant les larmes de jour dans le creux des labours. La mer se retirant dans la coquille des déserts. Le vent à l’infini capturant notre émerveillement meurtri. Ligoté dans le silence imparfait de notre fragilité. Les pas hésitants sur le sable lisse de nos imperfections. Le vol des mouettes flirtant avec les tempêtes au-dessus de nos têtes. Le silence portant la marque de la confusion, la répétition de son inaction. Écoutant le vide s’installer assourdissant. Le regard en attente d’absolu, l’âme mise à nu. Un rien faisant ce mien que tu prends entre tes mains. Chaleureux à défaut d’être précieux. Immobile se momifiant en fossile. Méprisant les griffures du vent et tout ce temps. Où la lune sera absente, son indolence repentante. Les brisures du jour , les fragments de son armure. Les doigts contractés ne pouvant se relâcher. L’infortune de nos imprévus, tout ce que l’on a tu. Le crépuscule de nos particules infusé des ombres de notre ridicule. Le début de la fin, une nuit sans fin. Quelque part au terme du chemin. Ses barbelés, nos doigts ensanglantés, la pluie pour les laver. Le ressac de la marée, nos cœurs en vrac. Les yeux hagards beaucoup plus tard dans les bras du hasard. Affolant la tendresse de nos sentiments. Noirs dans le miroir d’un mauvais soir. La lueur éteinte de notre pudeur. La somnolence de notre décadence. Les vagues se retirant en nous maudissant. Sombre la lune au-delà des dunes. Ta main qui la retient d’un fil d’un geste futile. Nos pas sans trace, le vent qui les embrasse, cette absence qui nous fracasse. Dans le crépuscule de nos particules, ce vide où l’on s’articule. Évaporés et démembrés. Inexistants et larmoyants. Sur la lande de nos mélancolies fantômes à jamais ensevelis. Dans les plissures coupables de nos fêlures, ce mal du passé que l’on endure. A errer dans le labyrinthe d’une mémoire éteinte.
Lire la suiteLes yeux dans les yeux

En ce temps-là on ne branchait pas son cœur sur un ordinateur. On était sans clavier pour se parler sans câbles se liant à toute heure. Les yeux dans les yeux sans écran fondamentalement anormaux. On se rencontrait pour s’aimer en se trouvant les plus beaux. Personne à commenter, twittter, nous traiter de salops. Pas de virus, ni de disque dur. Nous étions deux feux follets amoureux, immatures. Sans armure pour éviter de se faire arnaquer. Par des mails piégés, sans cv étalé pour se faire renifler. Avant de pianoter sur le clavier une musique psalmodiant une infortune. Les doigts dégoulinant d’amertume. Trouble obsessionnel d’une solitude. Profonde. Les yeux dans les yeux avec tant de platitude . Toi et moi au bout de nos jeux glissant sur l’onde. D’un passé sans pc où s’ennuyer pour s’apprivoiser était une formalité. Traîner pour s’occuper une facilité. Sans copier-coller. Pour activer l’inquiétude d’un temps perdu. Décapsulant un cerveau mis à nu. Dans le notre il n’y avait que des marionnettes. Équilibristes de nos soirs de fêtes. Sans streaming, viols de propriété intellectuelle. Nous étions fusionnels, intemporels. On vivait sans Facebook sans se sentir cons, tout tournait rond. La terre était ronde, la nuit montait la lune. Dans les vergers on mangeait des prunes. Sans être gelées au goût lyophilisé. On ne pensait pas à activer windows son pare-feu ses autres choses. Les chats traquaient les souris personne ne leur donnait de tapis. Pour se promener insolemment sur des écrans. En ce temps-là on ne branchait pas son cœur sur un ordinateur. On ne commettait pas d’erreur. Fatale. Il n’y avait que l’attraction totale. Du temps qui dure. Nos poses de sculptures. Se regardant les yeux dans les yeux. Dans un silence sans âge. Sans être otages. D’un écran nous absorbant. Le corps noué, envouté. Le poison s’écoulant lentement. Dans la langueur de serments. On y croyait sans passer par Google son détecteur de vie privée. Tu me copies. Je te copie. Clone d’une pensée périmée, chaque jour démodée avant même d’être éventée. La fièvre convulsive d’être moderne en méprisant le passé. Les yeux dans les yeux. La rengaine du sang bouillonnant dans nos veines. On n’a rien inventé. Les autres ont tout oublié. Le mot de passe. Tu trépasses et l’on t’efface.
Lire la suiteLes ombres s’éloignant

Il reste dans les allées, les graviers que l’on a piétinés. Les arbres ensommeillés. Nos premières heures, notre bonheur. Agenouillés à s’amuser de futilités. Oubliant le passé, ses horreurs. Un tronc d’arbre tagué. De nos deux cœurs. Enlacés. Immortalisant notre émerveillement. Nos promenades, nos arrêts de bancs en bancs. Tu essayais de comprendre ce qu’on pourrait attendre. De l’avenir, de nos désirs. On traînait à pas lents sur le gravier. En se regardant. Se désirant. Doucement, tendrement. Au dessus de nous passait le vent. Tes cheveux s’ébouriffant. Ta main les retenant. Tes sourires. Nos rires. Tout était naturel. Si intemporel. Hors du temps. S’écoulant en flirtant. En se touchant. Marchant sur les graviers. Au bout des allées. En jurant. De se protéger. De s’aimer. On y est allé. Sans s’égarer, sans se chamailler. Dans la langueur de nos mouvements. La douceur de nos pas indolents. La pâleur de nos cheveux grisonnants. La maigreur de nos corps s’affaiblissant. Marchant sur les graviers. Avec la peur de se quitter. Qui sera le premier ? Qui devra rester ? On n’en a jamais parlé. Je sais que tu y as pensé. Tes doigts caressant nos deux cœurs enlacés. Sur le tronc gravé. Pour conjurer la fatalité. Rappeler le passé. Une odeur, des couleurs. Quand nous n’étions que rêveurs. Il y a si longtemps. Et, maintenant. Le futur en tremblant. Puis, un matin blanc. Autrement. Avec la solitude. En faire une habitude. En traînant dans les allées, sur les graviers que l’on a piétinés. Toute une vie passée à s’aimer. Ombres s’éloignant à jamais effacées. Pour toujours oubliées. Laissant un arbre gravé. De nos deux cœurs enlacés.
Lire la suiteL’oiseau blanc et l’oiseau noir

J’aimerais t’écrire un poème . Je te parlerais de nous sans parjure, ni blasphème. Toi et moi. L’oiseau blanc et l’oiseau noir. Sur une mer blanche et noire. Entre les parallèles de nos battements d’ailes. Volant dans une nuit sans lune. Partant chercher fortune. Des perles glacées au bout des plumes. Nos becs fendant l’écume. Évaporant notre parfum d’amertume. Au loin vers des rivages. Où naissent nos mirages. S’endorment nos orages. En lutte chaque jour, chaque minute. Battant des ailes. Les vagues nous regardant passer. Éternels, obsessionnels. Notre haleine de fêtard. Emportés par le vent d’un hasard. Enfantant le souffle de nos tempêtes. Jouant aux fléchettes. Avec les éclairs de nos misères. Frottant le souffre d’allumettes. Tenues par l’oiseau blanc et l’oiseau noir. Sur une mer blanche et noire. Dantesques messagers. Aux vols irréguliers. Toi et moi. Sur les mots d’un poème. Porté en musique avec l’espoir suprême. Qu’il ne soit pas notre requiem. Il y a au bout de nos ailes. Le vide, ce rien qui nous appelle. Comme une tendance fatale. A commettre l’erreur optimale. De fuir notre culpabilité. De nos vols saccadés. Cette volonté de tout oublier. Mon poème pour me faire pardonner. Voudras-tu le parcourir ? Accepter de le lire ? Son bout de flamme pour réchauffer nos âmes. Oiseau blanc et oiseau noir. Sur une mer blanche et noire. Tourmentés. Habités. Si proches. Chargés de reproches. Reviens le son d’une marée endiablée. Avec des diables accouplée. Que nous avons si souvent écoutés. Au point de se les approprier. Habités. Tourmentés. J’aimerais t’écrire un poème . Je te parlerais de nous sans parjure, ni blasphème. Je l’achèverais jurant que je t’aime.
Lire la suite
A thing of you

A thing of you. Trailing on grass. Floating in the air. Soft like our verbs. Cherishing the stone. Insane, stronger than the sea. Blue eyes. Our pious dreams. In hell or in the skies. An end of you. Trails in me. Here and there. The flames of candles Undulate. Two by two. Linked. Always joined together. Against the wind. Rain. All the time. It is thus. Our madness. Fleeing towards the infinite one. Carrying our petrol. At the end of incense sticks. A zest of smoke. An evaporated remainder. Filled with wonder eyes. To see them to fly away. Where one would wish to project oneself. I can only hope. Expecting you, me. Finding me, you. This spellbinding dream. Beats in me. Like a thing of you. Trailing on grass. Floating in the air. Like a proverb. Fact of the mysteries. Nobody listens to the air. Older than the ground. Our joined together hands. Whole nights. Under the light of candles. There remains to me a thing of you. The desire, faith. That these memories do not die. Giving us this power there. To re-examine us. Later, at the end one evening. Where the shades, their dark moods will die out. The cursed ball. A time which took too much time. To reanimate our years flee. On the slow rhythm of unmatched agreements. While having heard the echo of chaos. An aggression which misuses. Anesthetic what one refuses. The lapse of memory. And, that it is thus. There is in me. A thing of you. A dust to resist. Will that you would be proud. Fighting against this weakness which lowers. Facility to forget you. I do not want to betray you. I cannot hide. Our memories of this past which should not die. It remains me if little. An invaluable good. A thing of you. Indefinite. A wire of nostalgia. Falling from stars. On which my melancholy slips.
Lire la suite




