L’appel d’un dernier baiser

Il y a une image qui revient sans cesse comme une porte qui n’arrive pas à se refermer. Frottée, usée sur l’échiquier des regrets, des mots rejetés, des pensées construites sans être délivrées. Par peur de ne pas être comprises ou simplement par lâcheté. Il y a cette image d’un visage qui s’en va, que rien ne retient.Pas même un souvenir, une larme, un geste de la main. Il pèse cette impossibilité dans la lourdeur contrainte de rester spectateur. Victime d’une absorption, d’une réclusion dans un espace temps où s’infiltre la lenteur. De voir se dissiper derrière les nuages de la mémoire. La vivacité d’un regard, la lumière d’un sourire, le reflet passager du bonheur. Il ne reste rien ou si peu à choisir entre espoir ou désespoir. Il y a tant à reconstruire, combler le vide, maquiller les cicatrices à jongler avec les artifices du jour et du soir. Il baigne comme une impuissance autour d’un îlot de résistance. Qui allume la lumière du souvenir enveloppé de l’oubli des années. Sans tolérance dans une totale dépendance. A ce fil impossible à tendre entre le réel et le passé. Coupé au moment de le raccorder. Qui pourtant cherche toujours à se connecter. Au-delà du brouillard, des images vieillies et glacées. Dans la posture de statues plantées dans la commémoration d’une idée abandonnée. Au moment où le voile s’est levé, emportant leurs secrets. Ne laissant que le souvenir d’un regard embrasé, l’appel d’un dernier baiser. Il n’y avait que lui pour le lui donner.
Lire la suiteInsomnie

Un clair de lune volant à la nuit ses lumières et ses ombres. Un réverbère dérobant à la solitude ses fantômes et ses heures sombres. S’endorment les rêves et les peurs laissant vibrer le souffle d’une torpeur enveloppante. Recouvrant les pas d’errances s’enfermant dans un parc endormi. Là où s’étendent les cris d’enfants, leurs courses trépidantes. Somnole le retour prochain d’une vie récurrente. Que le silence et les formes de la nuit ont assoupi. Bordant l’espérance d’un prochain matin dans le lit d’un sommeil souverain. Tu traînes, tu manges à grande faim. Le calme, l’absence, le néant comme un indicible festin. En léchant le miel, en buvant le vin au calice de ces minutes sans fin. Ne cherchant qu’à étirer chaque seconde au-delà des heures et des jours. Retenant le vent des années pour rester, exister. Pourtant, l’impossible reste tapis dans l’ombre muet et sourd. A ton désir de retenir l’aurore. A ton souhait de freiner la montée du soleil, le retour de ses couleurs, de son or. Tu tangues sur les eaux troubles d’une insomnie qui se répète quand tout renaît. Au moment où tout se tait. Au bord de la fuite, au cœur de l’ennui. Tu traînes dans le parc, tu te languis. Dans cette forme d’évasion qui ressemble aux murs d’une prison. Sans conditionnelle, sans libération. Il y a la répétition de ces nuits où ton ombre s’habille de noir pour te confondre. Avec le vide et le néant où tu te caches habilement. Ondulant dans cette vie où tu trouves ta place si difficilement. Avec un réverbère pour tout soleil dérobant à la solitude tes fantômes et tes heures sombres. Un clair de lune volant à la nuit ses lumières et ses ombres.
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