Je te tiens la main

Je te tiens la main, je ne veux pas couler. Tu me tiens la main, tu ne veux pas te noyer. Pourquoi plonger, sans savoir nager ? Jouer avec les limites de la vie pour savoir que rien ne nous trahit . Monte en moi la violence du rejet. Vibre en toi la terreur d’avoir eu peur. De ne plus toucher le bord, de ne pouvoir remonter, de ne jamais respirer. Dans l’eau, seuls à nous abandonner, nous avons touché à cet ardent désir de ne plus nous quitter. Promesse que la lame de fond de nos peurs a scellé à jamais. Il a fallu pousser les portes de la terreur. Pour comprendre que notre rage est plus forte que nos fureurs. Les vagues de nos rancœurs portent le sel d’aviver nos plaies. Sans avoir la force de cette terrible frayeur. Que j’ai eu à te voir sombrer ailleurs. Pour notre plus grand malheur. Dans les abysses d’un océan de douleurs. J’ai ressenti ce besoin de rester en vie avec toi. Que tu ailles jusqu’au bout avec moi. Je te tiens la main, je ne veux pas couler. Tu me tiens la main, tu ne veux pas te noyer. C’est cette image que je veux emporter. Allongé sur le dos, flottant en regardant un ciel étoilé.
Lire la suiteLa statue

Il reste l’image d’une exaspération juste avant la capitulation. Un geste de la main envoyé au ciel. Un drapeau battant comme une aile. Un lion figé couché aux pieds. Scellé dans le bronze pour ne pas déformer. L’idée d’un révolté qui voulait tout chambouler. Emporté par un besoin d’absolu. Le poussant à se mettre à nu. Habité d’une sensibilité lui donnant une âme d’écorché. Le brouillard des années est venu. Recouvrant d’une uniformité, les contours et les détours de sa personnalité. Plongeant le sculpteur dans une quête d’absolu. Imaginant un visage, une expression sur des souvenirs tenant du mirage. Il reste comme une idée de ce qui pouvait l’animer. Tracé d’un trait de plume sur une feuille de papier trop sage. Où les mots sont jetés pour se coucher, s’alignant en soldats formatés. Sans restituer le sens exact de ce qui l’enflammait. Un drapeau battant comme une aile, un geste envoyé au ciel. On peut lire un nom au pied de la statue. Gravé avec retenue, pour ceux qui ne l’ont pas connu. Il reste les oiseaux prenant ses bras pour des branches. Se posant pour porter au loin leur vue. Sinistre réalité que le magicien du temps sort de ses manches. Sans public pour s’extasier, ni même se retourner. S’étend dans le parc l’ombre d’un souvenir vierge de tout soupir.
Lire la suite




