Au bout du chemin blanc

Au bout du chemin blanc. Il y a cette ruine. Tout en haut de la colline. Là, où nous irons nous allonger. Les yeux tournés vers un ciel tourmenté. Le corps collé. Les mains plaquées. Sur un sol de terre entre des murs écroulés. Sentir cogner le cœur lent d’un lointain passé. Écouter, vibrer, les cris des enfants. Les serments de leurs parents. Imaginer le temps. Où le château sur la colline n’était pas ruine. Entendre respirer, entre ses pierres, le souffle d’âmes qui s’enlacent, se délacent. Croire qu’elles se sont envolées. Pour un autre ailleurs. Vers un monde meilleur. Loin de ces murs brisés d’où elles ont été rejetées. Au bout du chemin blanc. Il y a cette ruine. Tout en haut de la colline. Là, où l’on vient chercher l’espoir. D’un instant de paix sous les étoiles d’un soir. Nos pas emprisonnés par le brouillard. Emmurés par ce sentiment de ne plus rien voir. Sur le chemin blanc. Avec la tête basse de pénitents. Enveloppés des âmes du passé venues nous accompagner. Nous protéger. Main dans la main. Comme elles dans un lointain matin. Nous nous sommes avancés. Enfoncés dans la grande forêt. Jusqu’à l’orée. Sortis sous le poids d’un ciel tourmenté. Comme ce jour où le château s’est embrasé. Laissant des êtres calcinés. Le corps collé. Les mains plaquées. Sur un sol de terre entre des murs écroulés. Se sont-elles envolées ? Pour un autre ailleurs ? Vers un monde meilleur ? Nous nous sommes allongés. Sur le sol entre les murs écroulés. Pour écouter, vibrer, les cris des enfants. Entendre les serments de leurs parents. Pour chercher à voir. En fermant les yeux. En perçant la voute des cieux. Avec cet espoir. De les savoir à jamais heureux.
Lire la suiteRed blood

Red blood. At the evening of a setting sun. A salted taste. Oozing. On the reliefs of the world. Staining. A cemetery of cross. With the rusted bodies. Running on the language. Savor. Responsible for intoxication. Who pitches. Dripping. At the end of all the fears. Red blood. On hands. Stuck on the face. Not to see more. The soiled face. Of a color transfering with the black. Putrefying. The virginity of the angel. Its shade stretching itself over the evening of a watery world. With the colors red blood. In silence. Of a cemetery. Body with the crosses rusted. Loneliness. Heavy. Pressing. On the piano of time. Striking bitter notes. With the stammering melancholy. Crying of the tears of blood. Clouds being erased. Under the push of a wind. Kneeling. With the feet of the angel. Fragile. Contracted wings. Sensitive. The buckled face. Red blood. On hands. Stuck on the face. Not to see more. The soiled face. To have fought too much. Asphyxiated. To be able to breathe. Just abandoned. Lengthened. On the ground. Arms in cross. The tortured face. By this salted taste. In the mouth. Red blood. Savor. Responsible for intoxication. Who pitches. Dripping. At the end of all the fears. Until this hour. Where the angel will rise. Swallowing. The weight of its torments. Going in poverty. In the setting sun. Being erased. Imperceptibly. The red body blood.
Lire la suiteRouge sang

Rouge sang. Au soir d’un soleil couchant. Un goût salé. Suintant. Sur les reliefs du monde. Tachant. Un cimetière de croix. Aux corps rouillés. Coulant sur la langue. Saveur. Chargée d’ivresse. Qui tangue. Dégoulinant. Au bout de toutes les peurs. Rouge sang. Sur des mains. Collées au visage. Pour ne plus voir. La face souillée. D’une couleur virant au noir. Putréfiant. La virginité de l’ange. Son ombre s’étirant sur le soir d’un monde larmoyant. Aux teintes rouge sang. Dans le silence. D’un cimetière. De corps aux croix rouillées. Solitude. Pesante. Pressante. Sur le piano du temps. Frappant des notes amères. A la mélancolie balbutiante. Pleurant des larmes de sang. Les nuages s’effaçant. Sous la poussée d’un vent. S’agenouillant. Aux pieds de l’ange. Fragile. Les ailes contractées. Sensible. La face voilée. Rouge sang. Sur des mains. Collées au visage. Pour ne plus voir. La face souillée. D’avoir trop lutté. Asphyxié. De ne pouvoir respirer. Juste abandonné. Allongé. Sur le sol. Les bras en croix. Le visage torturé. Par ce goût salé. Dans la bouche. Rouge sang. Saveur. Chargée d’ivresse. Qui tangue. Dégoulinant. Au bout de toutes les peurs. Jusqu’à cette heure. Où l’ange se lèvera. Avalant. Le poids de ses tourments. Marchant misérablement. Dans le soleil couchant. S’effaçant. Imperceptiblement. Le corps rouge sang.
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Il y a si longtemps

Il ne reste plus que ton visage. Ses grands yeux ébahis. Regardant vers le ciel. Un horizon évanoui. Je me souviens de ce pinceau léger qui nous a dessinés. De couleurs nous recouvrant. C’était, il y a longtemps. Nos corps s’effaçant. Dans la pierre se mélangeant. Toi, les mains jointes dans une dernière prière. Moi, disparaissant. N’existant. Que par ton regard chargé d’espoir. De me revoir. Sans être. Je ne peux renaître. Sur un squelette transpercé d’une branche d’oliviers. Se sont tracées les artères de mon cœur. Le sang s’engouffrant dans un dernier battement. Celui que tu portes avec les yeux. Jusqu’aux cieux. Ta prière l’emportant. Sur les ailes du vent. Qui l’écoutera ? Je me souviens de ce pinceau léger qui nous a dessinés. De couleurs nous recouvrant. C’était, il y a longtemps. Qui nous regardera ? Le temps est passé. Année après année. Sans jamais nous libérer. Des entraves des ans. Des affres du cancer nous rongeant. Il n’y a plus de couleurs. De pinceau. Pour notre plus grand malheur. Capable de nous rendre ce bonheur. D’exister. L’un à côté de l’autre. Juste pour danser. Se promener. Sur le mur. Gambadant. Inutilement. Silencieusement. Sur les arêtes du temps. Pour que cela dure. Éternellement. Il ne me reste que le souvenir. Triste à en mourir. De ce pinceau léger qui nous a dessinés. De couleurs nous recouvrant. C’était, il y a si longtemps…
Lire la suiteA long time

There remains nothing any more but your face. Its large amazed eyes. Looking towards the sky. A disappeared horizon. I remember this light brush which drew us. Colors recovering us. It was, a long time ago. Our being erased bodies. In the stone mixing. You, hands united in a last prayer. Me, disappearing. Not existing. That by your glance in charge of hope. To re-examine me. Without being. I cannot reappear. On a transpierced skeleton of a branch of olive-trees. The arteries of my heart were traced. Blood being engulfed in a last beat. That which you carry with the eyes. To the skies. Your prayer carrying it. On the wings of the wind. Who will listen to it? I remember this light brush which drew us. Colors recovering us. It was, a long time ago. Who will look at us? Time passed. Year after year. Without never releasing us. Obstacles of the years. Pangs of cancer corroding us. There are no more colors. Of brush. For our greater misfortune. Able to return this happiness to us. To exist. One beside the other. Just to dance. To walk. On the wall. Gamboling. Unnecessarily. Silently. On the edges of time. So that lasts. Eternally. There remains to me only the memory. Sad to die about it. Of this light brush which drew us. Colors recovering us. It was, it is so a long time…
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