Le maître du temps

Les paupières lourdes. Le tic et le tac du temps. Le sommeil lentement, inexorablement, implacablement en toi s’installant. Dans le rêve. Doucement, comme un regard vide au travers des vitres du train. Le paysage défilant derrière un voile de pluie suintant sur les arbres, pleurant. Dans une nuit sans fin. Le ciel s’enfuyant. Le balancement. Du wagon qui berce tes pleurs. Le tremblement. De la voie qui chahute ton cœur. Se répète dans ta tête le tic et le tac du temps. Au plus profond du rêve. Là, où jamais tu n’as pénétré. Tu viens d’entrer. Le train s’accélérant. Te propulsant sous le regard du maître du temps. Ses yeux perçants. Son regard envoûtant.Tu manques d’air. Tu te sens. Si, fragile. Marchant sur un fil. Tu voudrais voir au-dehors du train, sortir du rêve. Mais, tu ne le peux pas. Tu entends. Le tic et le tac du temps. Les gouttes de pluie qui ruissellent sur les vitres. Ta vue se brouille, ton cœur panique, fait le pitre. La musique répétitive du battement. Du tic et du tac du temps. Tu te mords jusqu’au sang. Tu transpires. Tu aspires. L’air chaud, angoissant. Du wagon qui te pousse à défaillir. Démunie sous les griffes du maître du temps. Réagir. S’enfuir. Tu ouvres la bouche dans un cri. Arrachant. Déraillant. Bousculant. Le cauchemar en toi se répandant. Il reste le tic et le tac du temps. Plus assez fort pour te kidnapper. Pas assez puissant pour te briser. Les yeux du maître du temps s’enfuyant. Le paysage défilant derrière un voile de pluie suintant sur les arbres, pleurant. Dans un jour se levant. Toi te réveillant. Revenu du temps. Où le tic et le tac du temps. En toi se répandant t’avait mise sur les dents.
Lire la suiteMoi nègre de toi

Tu m’as donné le droit d’écrire sur ta peau en lettres noires le langage de tes mots. Tatouage de toi, langage de moi, au cœur de toi. Rouge sang au plus profond de tes chairs. Cicatrices des rimes de tes lettres à jamais gravées. Sur la mélodie de tes airs. La douceur de tes phrases, la tendresse de tes rêves. Tu m’en as donné la clé. La porte poussée. Jusqu’à cet endroit. Où bat le pouls de ton âme. Qui mène jusqu’à toi. Tu voulais tout dire. Tu n’en avais pas les mots. Ma main n’a pas tremblé pour transcrire ce que tu souhaitais écrire. Tu avais tant de choses à dire. J’ai entendu tes pleurs; écouté tes rires. J’ai frissonné quand tu tremblais. J’ai greloté quand tes souvenirs t’enfiévraient. Je suis devenu toi. Tu es devenue moi. Nous nous sommes compris. On s’est tout dit. Aujourd’hui. Demain. Je sais maintenant écrire ces phrases qui battent dans ton cœur. Tu n’as jamais pu les dire. Par peur de ce que tu recevras. Par crainte de trop t’ouvrir. On en est plus là. Car, je suis là. Pour entrer là où personne ne va. Au plus profond de toi. Moi nègre de toi.
Lire la suiteI remember

I remember. It was, a long time ago, with the country of the vacancies. In the middle of my childhood. At the time of deadening me. I left far, so far. In a sigh. Plains in forests, small valleys in hills until the section of the road. On the back of an imaginary horse. A day ago. Neither of morning, nor of evening. There remained only the time fixed on the heart of a mystery. That to grow of an opened up size. At the point of touching stars, taking down them and to bring back them in my daydreams. Gallops in wild races. On the back of a horse ever tired. Of return, I fell asleep. Happy, exhausted. Merry, made drunk. Of this marvellous voyage. The years passed. The horse rests in the attic. This evening, I will awake it. For new wild races. We will go to the sky. There, where the stars sleep. There, where I will take most beautiful. We will return to all sails. To slip it into the package. That of all the secrecies. Whose this feeling gives to love you. That I will give you. With the caress of a sigh. The soft breath to daze you.
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Je me souviens
Je me souviens. C’était, il y a longtemps, au pays des vacances. Au cœur de mon enfance. Au moment de m’endormir. Je partais loin, si loin. Dans un soupir. De plaines en forêts, de vallons en collines jusqu’au bout du chemin. Sur le dos d’un cheval imaginaire. Il n’y avait pas de journée. Ni de matin, ni de soirée. Il ne restait que le temps accroché à l’âme d’un mystère. Celui de grandir d’une taille démurée. Au point de toucher les étoiles, de les décrocher et de les ramener dans mes rêves éveillés. De galops en courses endiablées. Sur le dos d’un cheval jamais fatigué. De retour, je m’endormais. Heureux, épuisé. Joyeux, enivré. De ce voyage merveilleux. Les années ont passé. Le cheval se repose dans le grenier. Ce soir, je vais le réveiller. Pour de nouvelles courses endiablées. Nous irons jusqu’au ciel. Là, où dorment les étoiles. Là, où je prendrai la plus belle. Nous reviendrons à toutes voiles. Pour la glisser dans le paquet. Celui de tous les secrets. Dont ce sentiment fou de t’aimer. Que je vais te donner. Avec la caresse d’un soupir et ce souffle doux de vouloir t’étourdir.
Je te mens

Je ne vends que du vent. Que tu ne veux croire. Encore moins voir. Je te mens, chaque jour, en permanence, tout le temps. Tu te damnes. Mais, tu l’attends. Ta perversité me bouleverse. Ce bonheur me renverse. La musique de nos mots se répète, insipide, morbide. Je te mens, chaque jour, en permanence, tout le temps. Tu t’accroches à mon visage blanc, mon cœur noirci. Par nos mains glacées, notre absence de vie. Nous descendons chaque jour une marche de plus. Jusqu’au fond du puits. Accrochés pour ne pas tomber. Sur une route torturée. Faîte de virages, de courbes verglacées. Je te mens, chaque jour, en permanence, tout le temps. Je te parle de cet avenir merveilleux. Celui que je fabrique avec des mots. Qui sortent à peine. Au goût mielleux. Pour te faire croire que je suis beau. Ils n’ont pas la douceur de la laine. Juste la répétition de cette musique du mensonge qui raisonne dans ma tête. Que tu aimes entendre à perdre haleine. Pour te damner près de moi. Savoir qui tu es. Au vent mauvais. Tu as décidé de t’abandonner. Je suis l’ombre de tes sentiments les plus sombres. Je suis la poussière de tes plus belles années. Tu as décidé de me coller comme si j’étais ta destinée. Souvent, je voudrais t’abandonner, te protéger. Je me hais. Je te hais. Je nous hais. Je te mens, chaque jour, en permanence, tout le temps. Mais. Tu l’acceptes comme si c’était bon. Comme si tu t’en nourrissais pour exister. Tu es folle. Ta vie caracole. Sur des chemins égarés. Je ne serais jamais le bon cocher. Celui de ton âme, de ton cœur, celui qui pourra assécher le sang de tes larmes. Je ne puis guérir tes plaies. Je ne peux même pas effacer ce que tu as enduré. Je te mens, chaque jour, en permanence, tout le temps. Je suis rien. Je suis ta fin. Tu te maintiens. Debout, à coté de moi. Comme si nous étions bien. Comme si nous n’avions jamais faim. De goûter le sel de nos lèvres, de sombrer dans l’ivresse de nos corps décharnés. De hurler. De crier. De supplier. Que je t’aime comme tu m’aimes. Je ne le peux. Je ne le veux. Mentir jusqu’au blasphème. Attendre jusqu’à pendre. Cette idée que je tiens à toi. Je te le dirai, tu me quitterais. Tu aimes trop plonger avec moi dans le noir. Là, où tu existes. Là, où, tu vis de cette peur. Qui monte jusqu’au cœur. Qui te remplit de bonheur. Je ne le sais que trop. Nous voulions aller si haut. Les étoiles dans les yeux. Avec le même vœu. De nous aimer. De ne jamais nous quitter. Je te mens chaque jour, en permanence, tout le temps. Je tiens à toi. J’en crève. Dans la nuit de mes rêves. Mais, il y a. Cette peur de nous voir souffrir. La détresse de nous sentir défaillir. Cette faiblesse de finir par mourir. Aussi, je fuis pour réduire nos vies. A cette descente dans le puits. Là, où nous pourrons nous cacher. Nous rencontrer. Ne plus tricher. Revenir comme avant. Où nous ne connaissions pas la peur du temps. Où nous ne tremblions pas sous le vent. Le jour approche. Je me prépare. Je le sens arriver. Il est là. Bien trop proche. Je te mens chaque jour, en permanence, tout le temps. J’ai çà en moi. Encore plus fort. Que tous nos efforts. Pour faire semblant. D’être vivants. Aux côtés de toi. Jusqu’au bout du bout. Quand notre vue sera floue. Pliés sur les genoux. A vomir dans la boue. Le peu qui reste de notre vie. Au fond de ce puits. Là, où je t’ai entraînée pour te capturer. Là, où je voulais te conserver. Pour toujours près de moi. Je t’ai dit tant de mensonges pour te faire descendre. J’ai tout réduit en cendres. Ton visage gris aux teintes du malheur. Qui ne connaît plus le bonheur. Baigné de larmes. Tu n’aurais jamais dû me croire. Te méfier de mes mots. Pour éviter ce drame. Ne jamais vouloir. Rien ne changera jamais. J’ai beau essayer. Je te mens chaque jour, en permanence, tout le temps…
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