Trop

La monotonie des jours pluvieux est venue suinter d’ennui sur les murs de ton immeuble. Tu les regardes dégouliner de ce dégoût qui te lasse. Tu pourrais fuir, t’enfuir. Mais, la lâcheté vient te gagner, te grignoter, te manger. Elle te met en miettes. Tes idées de révolte ne sont que des mots que tu jettes pour exister, te duper. Même toi, tu ne te crois pas.Tu n’existes qu’en poussant la grille de ton immeuble lorsque tu rentres dans ta case de rat. Tu as le choix de partir. Mais pour aller où ? Ton horizon s’arrête au bout de ta rue. Il n’y a jamais de soleil dans ta rue. Des grands immeubles t’en protègent avant de plonger dans la gueule du métro. Sais-tu encore que quelque part pousse de l’herbe ? Tu as peur des insectes, des oiseaux. Tu es un mutant. Alors pourquoi te parler de sentiments ? Il faudrait que tu ouvres les yeux, que tu regardes, pour comprendre, t’ouvrir, t’attendrir, ne plus penser qu’à toi. C’est trop te demander. Tu es l’unique personne que ton être accepte encore. Les autres, tous les autres sont cachés derrière les arbres de ta forêt. Elle a poussé avec les années mettant ta vie en friche. Les plus sauvages des animaux auraient peur de s’y perdre dans la noirceur de ces journées sans soleil. Tu y es bien. Aussi, pousse la porte de ton grand immeuble, cache-toi derrière ses murs. Oublie-moi. De l’autre côté des barreaux, je saisis la liberté, celle qui te fait peur. Combien de temps, ai-je passé avec toi du mauvais côté de cette grille ? Je n’ai pas de chiffre. Je sais que c’était trop…
Lire la suiteThe beach

I looked at you leaving. Without weakening. Thus that was to finish. Your face did not have any more smiles. Sad to die about it. Didn’t mine accept any more our reality, to make seeming, to disguise it? I wanted to prohibit it to me. To continue, for all to rot? To betray? Months, years of pleasure? To pollute the memory of our laughter? To trample the images of our lives to groan about it? It was necessary to accept, forgive, not to punish us. On the beach, for the last time, to link us in a smile never to hate us. On the beach, your back, your silhouette which moves away for all to finish. The waves erased the traces of your steps without quivering. The sun of winter is assembled in the sky for all to bleach. You disappeared behind this veil without weakening. Together, we had never existed, our history could not to more belong us. Without weakening, I looked at you leaving. In a last sigh.
Lire la suiteLa plage

Je t’ai regardée partir. Sans défaillir. C’est ainsi que cela devait se finir. Ton visage n’avait plus de sourires. Triste à en mourir. Le mien n’acceptait plus notre réalité, faire semblant, pour la travestir ? J’ai voulu me l’interdire. Continuer et tout pourrir ? Pire ? Trahir ? Nos mois, nos années de plaisir ? Polluer le souvenir de nos rires ? Piétiner les images de nos vies à en gémir ? Il fallait accepter, pardonner, ne pas nous punir. Sur la plage, une dernière fois, nous unir dans un sourire pour ne jamais nous haïr. Sur la plage, ton dos, ta silhouette qui s’éloignent pour tout finir. Les vagues ont effacé les traces de tes pas sans frémir. Le soleil d’hiver est monté dans le ciel pour te blanchir. Derrière ce voile, tu as disparu sans faiblir. Ensemble, nous n’avions jamais existé, notre histoire ne pouvait plus nous appartenir. Sans défaillir, je t’ai regardée partir. Dans un ultime soupir.
Lire la suiteThe door at the top of the staircase

The door at the top of the staircase was closed again. The steps moved away after the last turn from key. In the part, the night fell. Silence settled. Sometimes, under the door a bit of clearness slips by. There is nobody any more to awake. In an armchair a headstock, the gotten mixed up hair rests. There is no more child to shout or have fun. More smoke in the chimney, more meal to be consumed. On the wrists of door sleep of the spiders as if nothing had never been. A given up house, forgotten, without destiny. One day, perhaps, of the steps the stairs will go up. They will open the door, the eyes opened wide to see beyond the darkness. Will they be able to imagine our wild dances, our rested sleeps, our agitated years, our completed lives? They will take the headstock like a trophy of our old years, from will go away without regret, the step in a hurry. They will sell our released walls of a ball. It we will leave time, all these years of darkness the closed door. It is there to protect us. We do not need more to see us to love us.
Lire la suiteLa porte en haut de l’escalier

La porte en haut de l’escalier s’est refermée. Les pas se sont éloignés après le dernier tour de clé. Dans la pièce, la nuit est tombée. Le silence s’est installé. Parfois, sous la porte file un brin de clarté. Il n’y a plus personne à réveiller. Dans un fauteuil repose une poupée, les cheveux emmêlés. Il n’y a plus d’enfant pour crier ou s’amuser. Plus de fumée dans la cheminée, plus de repas à consommer. Sur les poignets de porte dorment des araignées comme si rien n’avait jamais été. Une maison abandonnée, oubliée, sans destinée. Un jour, peut-être, des pas remonteront les marches de l’escalier. Ils ouvriront la porte, les yeux écarquillés pour voir au-delà de l’obscurité. Pourront-ils imaginer nos danses endiablées, nos sommeils reposés, nos années agitées, nos vies achevées ? Ils prendront la poupée comme un trophée de nos anciennes années, s’en iront sans regret, le pas pressé. Ils vendront nos murs libérés d’un boulet. Il nous laisserons le temps, toutes ces années d’obscurité la porte fermée. Elle est là pour nous protéger. Nous n’avons plus besoin de nous voir pour nous aimer.
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